Bady Dalloul : Scrapbook & Wall of Fame
Double exposition. Curateur : Sacha Pevak.
13 - 19 février 2016 / 19 Côté Cour : 19 rue Marc Seguin - 75018 Paris.
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« <…> il me fit l’honneur de me laisser consulter les trésors de sa salle des cartes, de me livrer les secrets de l’état de Basra, de me donner accès aux archives de la République de Suez, de m’initier à la très riche bibliothèque consacrée à la petite île du Tonkeru, de me laisser visiter le département de vexillologie de son Musée des frontières et contrées imaginaires où me fut donner d’admirer les drapeaux des états de Chammaria, de Sham, de l’Euphrate, de Hama, d’Ansariyé ou d’Aboukamal. Au gré de ces voyages auxquels Bady Dalloul m’invitait, je songeais étrangement à la confession <…> : "Je suis les faubourgs d’une ville qui n’existe pas, le commentaire prolixe d’un livre que nul n’a jamais écrit." » Jean-Yves Jouannais, Nom de pays : le nom, 2016 |
Scrapbook
Évènements historiques, faits personnels et fiction s’entremêlent dans un récit fragmentaire, que l’artiste Bady Dalloul écrit au fil du temps, l’ouvrant par ce premier chapitre — « Scrapbook ». Ici, en face de l’histoire chronologique du pays syrien, il dresse une dimension humaine et essaie le masque de ceux, capables de décider des destins par un simple geste de la main, puisque « cartographier » ne signifie pas plus que « dessiner sur papier »*. Ce travail a débuté lors du voyage au Japon où, à Hiroshima, Bady Dalloul lit l’histoire d’une des victimes des bombardements atomiques, Sadako, et la vieille légende de mille grues, à laquelle croyait Sadako souhaitant être guérie. Un ancien carnet d’origamis trouvé par hasard, devient ensuite le support pour Bady Dalloul. Sur ses pages, de même que dans la vidéo Scrapbook (2015), se déploient et s’entrecroisent l’histoire de Sadako, celles de la Syrie et de la famille de l’artiste. Le travail, qui s’articule à différentes échelles — l’État et l’individu — invite à réfléchir sur le destin d’un pays, à travers des aléas de l’Histoire, ainsi que sur son empreinte inextricable sur ses « sujets ». Dans la salle des cartes, Bady Dalloul porte un regard ironique sur les frontières du Moyen Orient. Alors, l’artiste se met à la place d'un des grands du monde, qu’il réduit à des images de bouches dans la vidéo Printemps de bouches (2014), et crée une série de cartographies fictives. De l’ordre de l’imagination, ces cartes du Moyen Orient et d’autres régions, interrogent la logique historique du tracé de frontières et l’assimile à un simple exercice de dessin. La création de la fiction, que l’artiste puise dans ses carnets avec des pays fictifs Badland depuis l’adolescence, est aujourd’hui une manière pour Bady Dalloul de remettre en cause l’information surabondante et la logique — ou l’irrationalité — de l’Histoire. * Cartographie, du grec ancien χάρτης kartès (« feuille de papyrus ou de papier ») et γραφία, graphía (« écrire, dessiner »). |
Wall of Fame
Le sentiment d’invasion par des images est à l’origine de la proposition « Wall of Fame » de Bady Dalloul. Traitant l’admiration devant des flux d’images télévisées devenue nouveau folk art, il affirme que cette forme d’art a changé en apparence : « de broderies et peintures murales paysannes, elle s’est transformée en sacralisation des déchets et parasites télévisuels ». L’artiste propose ainsi de nouvelles pièces d’art populaire — des galeries de produits télévisés envahissant des objets de la culture traditionnelle. Dans la série Wall of Fame (2014-2015), des portraits provenant de l’Internet ou de la télévision, contaminent la surface des tapis orientaux. Encadrés et disposés aussi soigneusement que des photos familiales, ils trouvent une place sur des tapis accrochés au mur, formant une sorte de nouvelle iconostase. Pas plus que des petits socles ou des écrans concentriques, faisant le zoom sur des images parasites, sont des bols chinois en porcelaine de China Shop (2015). Détournés et dysfonctionnels, ces objets populaires ne font pas plus que d’accueillir, sur leurs terrains, les familles de « têtes » télévisées. Une nouvelle galerie d’honneur est alors terminée. Une question peut être posée par la suite : Ces têtes, sont-elles dignes d’une place si honorable ? Selon l'artiste, « on regarde avec la même attention et intérêt un acteur, un dictateur, un cadavre, un pompier, un enfant ou un passant ; la seule valeur retenue, c’est une image. » Sacha (Alexandre) Pevak |
Informations pratiques
Exposition : 13-19 février 2016
Horaires d’ouverture : 13, 19 février – 13h-22h ; 14-18 février – 13h-19h
Adresse : 19 rue Marc Seguin – 75018 Paris, 19 Côté Cour
Horaires d’ouverture : 13, 19 février – 13h-22h ; 14-18 février – 13h-19h
Adresse : 19 rue Marc Seguin – 75018 Paris, 19 Côté Cour
Le communiqué de presse
Bady Dalloul : Scrapbook & Wall of Fame |
Les articles critiques
Jean-Yves Jouannais, Nom de pays : le nom, 2016 |
Kyveli Mavrokordopoulou, Décoloniser les regards : Les tapis de Bady Dalloul, 2016 |