Lost In Between
2-10 avril 2016
Artistes : Adolfo Bioy Casarès, Apollinaria Broché, Bady Dalloul,
Louise Gügi, Esjieun Kim, Johan Larnouhet.
Curateurs : A Pevak, D Akimava.
19 Côté Cour : 19 rue Marc Seguin - 75018 Paris.
Artistes : Adolfo Bioy Casarès, Apollinaria Broché, Bady Dalloul,
Louise Gügi, Esjieun Kim, Johan Larnouhet.
Curateurs : A Pevak, D Akimava.
19 Côté Cour : 19 rue Marc Seguin - 75018 Paris.
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« Plusieurs de mes amis de la philosophie, notamment les matérialistes ou physicalistes, sont fortement opposés à tout cela. Ils disent que ma manière de dire induit sérieusement en erreur. Ils affirment qu’il n y’a qu’un seul monde : le monde d’objets physiques. <…> Ils disent qu’en parlant des objets du monde 3, je suis coupable d’hypostatization ; signifiant en anglais, que je fais des substances ou des choses à partir de fantômes non-existants, ou de fictions. » Karl Popper, Trois Mondes, The Tanner Lecture on Human Values, Université de Michigan, 7 avril 1978. |
Franchir une frontière, traverser un fleuve, entrer dans le « cercle magique », rêver, se retrouver de l’autre côté du miroir ou bien se connecter – une multitude de voies pour atteindre les envers du réel, considérés pour la plupart comme inexistants. Contrairement aux approches matérialistes, en 1972, le philosophe Karl Popper propose une vision pluraliste du réel incluant « 3 mondes » : le monde réel physique, le monde des expériences subjectives et le monde des créations humaines. Pour lui, tout phénomène produisant un « effet causal » sur le monde 1, est considéré comme étant réel ; ainsi les objets, tant matériels qu’éphémères, qui s’entrecroisent, forment ensemble son paysage.
Sans pour autant être attachés à une approche unique du réel, les artistes de l’exposition Lost In Between partagent le sentiment d’instabilité et de fragilité de frontières entre les mondes. Ils oscillent entre les réalités et interrogent la perception du réel, en créant des « substances » à partir de fictions ou de projections mentales, ou bien l’inverse, de non-lieux ou d‘hétérotopies, de fictions composées d’éléments tout à fait ordinaires. Ceci nous fait plonger dans un doute constant sur la nature, les sources, voire l’existence de leur travail. Alors, on se retrouve dans un réel magique, comme dans le rêve le plus vraisemblable, n’arrivant pas à tracer les frontières entre réel et fiction.
L’une des lectures possibles de Lost In Between peut être faite à travers l’ouvrage d’Adolfo Bioy Casares, « L’invention de Morel », dont la première édition est présente dans l’exposition tout comme les travaux plastiques. Ce livre, paru en 1940, anticipe l’apparition du phénomène de la réalité virtuelle ; tel un palimpseste de réalités, il s’interroge sur la capacité humaine d’être obsédé par des illusions et de les immortaliser dans une création. Rappelant métaphoriquement l’île de Morel, Lost In Between invite à découvrir un espace oxymore, d’autant plus paradoxal que réel : l’univers des réalités multiples, fictives et tout à fait probables.
Toute référence proposée, pourtant, n’est plus qu’un outil et une voie parmi d’autres, d’interprétation de l’exposition, qui, elle, représente le souvenir d’un écosystème né de rencontres avec les jeunes artistes, dans une optique de donner à voir leurs créations.
A. Pevak
Sans pour autant être attachés à une approche unique du réel, les artistes de l’exposition Lost In Between partagent le sentiment d’instabilité et de fragilité de frontières entre les mondes. Ils oscillent entre les réalités et interrogent la perception du réel, en créant des « substances » à partir de fictions ou de projections mentales, ou bien l’inverse, de non-lieux ou d‘hétérotopies, de fictions composées d’éléments tout à fait ordinaires. Ceci nous fait plonger dans un doute constant sur la nature, les sources, voire l’existence de leur travail. Alors, on se retrouve dans un réel magique, comme dans le rêve le plus vraisemblable, n’arrivant pas à tracer les frontières entre réel et fiction.
L’une des lectures possibles de Lost In Between peut être faite à travers l’ouvrage d’Adolfo Bioy Casares, « L’invention de Morel », dont la première édition est présente dans l’exposition tout comme les travaux plastiques. Ce livre, paru en 1940, anticipe l’apparition du phénomène de la réalité virtuelle ; tel un palimpseste de réalités, il s’interroge sur la capacité humaine d’être obsédé par des illusions et de les immortaliser dans une création. Rappelant métaphoriquement l’île de Morel, Lost In Between invite à découvrir un espace oxymore, d’autant plus paradoxal que réel : l’univers des réalités multiples, fictives et tout à fait probables.
Toute référence proposée, pourtant, n’est plus qu’un outil et une voie parmi d’autres, d’interprétation de l’exposition, qui, elle, représente le souvenir d’un écosystème né de rencontres avec les jeunes artistes, dans une optique de donner à voir leurs créations.
A. Pevak
Vues de l'exposition
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