Les Vigies
12-18 avril 2018
Artistes : Mathieu Merlet Briand, Anne-Flore Cabanis, Alice Nikolaeva, Gosha Ostretsov
Sur l'invitation de Fabrizio Donini Ferretti
" Par quelque mystérieux hasard d’une date fortuitement choisie, cette exposition rassemble quatre artistes de l’inquiétude – ou faudrait-il dire de l’exploration inquiète ? - autour d’une icône de la certitude, Yuri Gagarine, dont le vol du 12 avril 1961 à bord du vaisseau Vostok C est peut-être la dernière geste héroïque de notre civilisation, répliquée comme en un combat antique par le vol d’Armstrong de juillet 1969. En cela, elle nous parle visuellement de cette perte qui est au cœur des temps présents, qui peut-être les définit, et que nous ne savons nommer que par antiphrase. Ces deux temps mythiques de la conquête de l’espace ont paru entremêler le génie technique de l’homme, c’est-à-dire le narcissisme inévitable et en apparence triomphant d’une raison capable de convoquer l’avenir sous la forme qu’elle réclame, et un monde du merveilleux, de la légende, sur lequel ouvraient les portes de cette aventure.
"..."
Ambigüité d’un astre que Mathieu Merlet-Briand propose non pas comme image de la Terre, ou de Mars, ou d’ailleurs, mais comme une sorte d’épiphanie, d’étrange Visitation d’un ailleurs qui revêt les apparences d’un objet familier de l’astronomie. Carte qui n’en est pas une, mais dont on comprend d’instinct qu’elle voudrait nous appeler à un voyage au moins mental, que la paresse nous fait hésiter à entreprendre. Sur quel vaisseau irons-nous ?
Ambigüité d’un météorite qu’Alice Nikolaeva installe sur un objet familier, un fauteuil défoncé comme par un hôte encombrant mais pas nécessairement rejeté. Météorite, un nom masculin que l’on préfère souvent utiliser au féminin : objet à la forme et au genre mal déterminés, rendu inoffensif d’apparence mais terriblement violent s’il venait à nous heurter, annonciateur des fins de monde, des fins d’un monde. Sorte de vanitas qui pointe ironiquement notre fragilité.
Ambigüité d’un disque élégamment historié par le trait fragile, esseulé que trace Anne-Flore Cabanis, qui hésite entre écriture énigmatique et cartographie d’un monde ignoré, comme entr’aperçu en son centre et deviné seulement en sa périphérie, dérobé au regard par la seule confusion des formes, et qu’une singulière anamorphose nous ferait prendre pour une lointaine galaxie, un astre innommé, ou quelque figure céleste...
Ambigüité aussi de l’univers visuel de Gosha Ostretsov, univers qui semble appartenir aux récits de science-fiction des temps soviétiques, aux temps d’Aelita, au temps des utopies constructivistes, sorte de futur déjà advenu, au temps des mondes parcourus en imagination ; et pourtant, ne peut-on discerner une forme mélancolique de prophétie dans ce regard aimanté par des formes colorées mais muettes, dans cet esprit traversé de courbes et de lignes, dans ces êtres indécis juchés chacun sur son petit astre ? "
Fabrizio Donini Ferretti, extrait
"..."
Ambigüité d’un astre que Mathieu Merlet-Briand propose non pas comme image de la Terre, ou de Mars, ou d’ailleurs, mais comme une sorte d’épiphanie, d’étrange Visitation d’un ailleurs qui revêt les apparences d’un objet familier de l’astronomie. Carte qui n’en est pas une, mais dont on comprend d’instinct qu’elle voudrait nous appeler à un voyage au moins mental, que la paresse nous fait hésiter à entreprendre. Sur quel vaisseau irons-nous ?
Ambigüité d’un météorite qu’Alice Nikolaeva installe sur un objet familier, un fauteuil défoncé comme par un hôte encombrant mais pas nécessairement rejeté. Météorite, un nom masculin que l’on préfère souvent utiliser au féminin : objet à la forme et au genre mal déterminés, rendu inoffensif d’apparence mais terriblement violent s’il venait à nous heurter, annonciateur des fins de monde, des fins d’un monde. Sorte de vanitas qui pointe ironiquement notre fragilité.
Ambigüité d’un disque élégamment historié par le trait fragile, esseulé que trace Anne-Flore Cabanis, qui hésite entre écriture énigmatique et cartographie d’un monde ignoré, comme entr’aperçu en son centre et deviné seulement en sa périphérie, dérobé au regard par la seule confusion des formes, et qu’une singulière anamorphose nous ferait prendre pour une lointaine galaxie, un astre innommé, ou quelque figure céleste...
Ambigüité aussi de l’univers visuel de Gosha Ostretsov, univers qui semble appartenir aux récits de science-fiction des temps soviétiques, aux temps d’Aelita, au temps des utopies constructivistes, sorte de futur déjà advenu, au temps des mondes parcourus en imagination ; et pourtant, ne peut-on discerner une forme mélancolique de prophétie dans ce regard aimanté par des formes colorées mais muettes, dans cet esprit traversé de courbes et de lignes, dans ces êtres indécis juchés chacun sur son petit astre ? "
Fabrizio Donini Ferretti, extrait